lundi 5 janvier 2009

Interview de Franck Thilliez


Franck Thilliez est un jeune écrivain nordiste avec lequel il faut désormais compter! En seulement 5 romans, il a accédé au rang des meilleurs auteurs de thrillers français et ses livres sont désormais très attendus! Prochain opus prévu pour la rentrée 2008, pour patienter vous pouvez visiter son blog très riche et notamment, tester vos connaissances en matière de polars grâce au «quizz polar»!
Site : http://www.auteursdunord.com/

Interview réalisée en mars 2008! Depuis le dernier roman de Franck Thilliez, L'Anneau de Moebius, est paru aux Editions Le Passage.

C.D. : Comment effectuez-vous le choix des titres? Celui des personnages ? y a-t-il toujours une signification derrière les noms, ainsi : Sharko/shark/requin ou des clins d’oeil à d’autres oeuvres -littéraires ou non ?

F.T. : Je choisis toujours mes titres en dernier, bien après avoir écrit le roman !
Trouver un titre n’est pas si simple, car il faut qu’il représente le style (thriller, policier, suspense) et l’idée générale du livre. Et, aussi, qu’il n’existe pas et ne fasse pas trop cliché ! Donc beaucoup de paramètres !
Pour les personnages, ça dépend. Certains noms, surtout pour les personnages principaux, sont choisis avec un soin particulier.
Pour «Franck Sharko», je voulais une consonance assez dure à la lecture, ce qui pouvait refléter au mieux mon personnage. Et en effet, Shark, c’est bien «le requin» en anglais, car Sharko est un prédateur de la rue...
Pour Lucie Henebelle, l’héroïne de la chambre des morts, j’ai pris un nom classique mais qui est du Nord, donc en accord avec la région...

C.D. : Certains de vos personnages sont récurrents, était-ce voulu dès le départ ?

F.T. : Non.
Je n’avais jamais prévu d’écrire des suites.
Pour Lucie, ce sont les lecteurs qui réclamaient une nouvelle histoire avec elle, car j’avais juste effleuré son passé, sans en dire davantage et j’ai donc trouvé que, en définitive, les lecteurs avaient raison, Lucie devait livrer ses secrets !
Pour Sharko, c’est venu de moi-même. A la fin de «Train d’enfer pour ange rouge», il finit dans une situation horrible, c’est un personnage qui souffre et il avait encore, lui aussi, énormément de choses à raconter. Et les lecteurs l’aiment vraiment beaucoup. Peut-être en écrirai-je un troisième avec lui, un de ces jours...

C.D. : Le lieu de l’intrigue paraît essentiel dans votre oeuvre : le considérez-vous comme un personnage à part entière ?

F.T. : Oui.
Le Nord de la Chambre des morts, la forêt dans La forêt des ombres.
Je me sers des lieux comme d’un élément essentiel à l’histoire, qui renforce l’atmosphère que j’installe.
Pour moi, les lieux, leur géographie, leur aspect social, agit sur les vivants et leurs comportements, c’est donc, en effet, comme un personnage.

C.D. : D’autre part, l’eau (sous toutes ses formes: toujours la pluie même en été, la mer, la neige, la sueur...) est omniprésente, pourquoi ?

F.T. : L’eau ou la nature, de manière générale. Comme les lieux, je me sers souvent des éléments (feu, eau, terre, vent) pour renforcer cette fameuse atmosphère.
Un type qui court, trempé de sueur avec les mains en sang, vaut plus qu’un long discours !

C.D. : Qu’apportent les nombreuses occurrences d’enfants et de femmes enceintes dans votre oeuvre ? Plus de noirceur au récit ?

F.T. : Ce sont peut-être les êtres les plus fragiles, cela montre que le crime n’a pas de limite, le Mal ne fait pas de distinction.
Mais je ne veux pas non plus choquer mon lecteur, donc je fais attention dès qu’il s’agit d’enfants (et plus encore aujourd’hui...)

C.D. : Le travail de documentation est-il plus long que celui de rédaction?

F.T. : Equivalent, je dirais.
Si on répartit les 12 mois que me prennent la création d’un nouveau roman, il y a 3 mois de recherche d’idée (très long, mais c’est bien le plus important !!), 3 mois de documentation et d’élaboration du plan, et 6 mois d’écriture et de correction.
Quand on sait ce qu’on va écrire, écrire n’est pas le plus long !

C.D. : Ces recherches sont-elles un plaisir malgré les sujets abordés ?

F.T. : Oui, un vrai plaisir, sinon je ne le ferais pas.
Et plus les thèmes sont «déviants», et plus cela m’intéresse, parce que je me dis que le lecteur va découvrir des choses qu’il ne soupçonne même pas, il va trembler, sursauter, et c’est ce qui me motive !

C.D. : Quelle place occupe internet dans votre travail?

F.T. : Une place énorme.
C’est mon premier outil de recherche, il me sert à débroussailler, trouver des pistes, me mettre en contact avec les gens. Et puis, de communiquer avec mes lecteurs.
Ce qui est génial aussi, avec internet, c’est que dès la sortie du livre, des critiques de lecteurs sont déjà disponibles dès le lendemain ! Ce qui permet de prendre la température, de savoir si le roman plaira ou pas...

C.D. : Les écrivains ont souvent un rituel d’écriture, quel est le votre ?

F.T. : Pas de rituel précis.
Mais j’aime parfois rester devant mon écran sans taper un seul mot, écrire dans ma tête pendant une demi-heure puis finalement me lancer. Et là, j’écris très vite !

C.D. : Comment s’est fait le déclic de l’écriture ? Parce chacun d’entre nous peut avoir très envie d’écrire sans jamais être capable de sauter le pas !

F.T. : L’envie de raconter une histoire, tout simplement. Je le dirais toujours, pour moi, l’écriture, c’est avant tout l’imagination. Je raconte des histoires, et le papier est un moyen de les poser à plat.
Même les personnes qui n’ont jamais été fortes en français, en orthographe, en style, peuvent écrire, tant qu’elles ont des histoires à raconter.
Après, il y a le travail de mise en forme, évidemment, mais cela vient en second plan ! Rien de tel qu’une excellente histoire !

C.D. : Lorsque vous travaillez sur un roman, pensez-vous déjà au prochain ou au contraire vous faut-il le boucler avant de pouvoir penser au suivant ?

F.T. : Je fonctionne au fil de l’eau, une seule histoire à la fois. Je ne peux penser à une nouvelle histoire, que lorsque je me suis «débarassé» dans ma tête du roman que je viens de terminer. Car lorsque je suis dans un roman, je suis à 100% dedans, et je ne peux donc pas réfléchir à autre chose !

C.D. : On sent chez vous une très forte envie d’échanger avec vos lecteurs (rencontres, blog...), pourquoi ?

F.T. : Parce que tout vient du lecteur, tout simplement !
Un livre sans lecteurs n’existe pas, nous, auteurs, leur devons ce que nous sommes, il ne faut pas l’oublier !! C’est un minimum, donc, que de les remercier ou de leur donner un peu de notre temps...

C.D.

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